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3. La genèse de la Compagnie

 

Dans une logique géologique, le filon venant du Hainaut belge, découvert à Fresnes puis à Anzin, ne peut que se poursuivre vers l’ouest. C’est ce qu’a compris le marquis de Traisnel, Lieutenant Général des armées du Roi, grand propriétaire très considéré dans tout le Hainaut. Il habite, une partie de l‘année, dans son château de Villers-au-Tertre. Le crédit dont il jouit à la Cour lui permet, dès septembre 1773, d’obtenir de l’Intendant de la province de Hainaut  l’autorisation provisoire de commencer des travaux de recherche du charbon. Ainsi a-t-il la possibilité de créer une Société, le 11 novembre de la même année.

Par arrêt du Conseil d’Etat en date du 10 mars 1774, une concession d’exploitation lui est accordée, à compter du 1er janvier 1775 pour une durée de 30 ans.

 

 

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Le démarrage ne donne guère de résultats probants. Bien au contraire ! Les sondages faits dans la propriété du marquis ne donnent rien. Ceux en cours à l’est, sur les territoires d’Aniche et de Monchecourt, sont un peu plus prometteurs. Mais les travaux de fonçage sont contrariés par les inondations. En 1786, il faut se résoudre à  les abandonner. La Société doit faire face à des dépenses abyssales et faire appel à des fonds d’emprunt. En 1790, un seul puits, Ste Barbe, s’avère exploitable.

 

Comme pour Anzin, la Révolution avec le départ des émigrés et aussi l’occupation par les troupes autrichiennes mettent un terme à la crédibilité de l’entreprise. Le marquis de Traisnel décède en 1793. La situation est désespérée.

 

L’exploitation peut reprendre vaille que vaille en 1795, avec quelques bénéfices en 1798. Mais la production stagne tout au long des premières années du 19° siècle. Il est de plus en plus difficile de payer les ouvriers. Une nouvelle fois, la Société est acculée à la faillite.

 

C’est alors qu’en 1839 tout est repris par un groupe d’associés, avec l’accord plus ou moins avéré de l’Archevêché. Il rachète l’entreprise et se met en mesure de la réorganiser complètement. Parmi eux, se comptent les Sucriers de Cambrai : Delloye et autres.

 

De nouveaux sondages sont entrepris. Ils vont s’avérer fructueux sur le territoire somainois. Une fosse «la Renaissance » (tout un programme) est creusée. Le destin de la Compagnie des Mines d’Aniche est en marche. Le filon riche et régulier donne des espérances sérieuses. Les premières tonnes remontent rapidement. La production est en constante augmentation, au point qu’un deuxième puits, contigu au premier, est creusé en 1843, suivi d’un troisième, à la limite de Somain et d’Aniche, en 1849.

De nouvelles recherches  sont aussitôt relancées. Elles absorbent des sommes importantes. Mais elles permettent d’entrevoir l’avenir sous un ciel plus serein. Dans tout le secteur d’Aniche, sous l’impulsion d’un nouvel Ingénieur en Chef, M Vuillemin, des puits sont foncés à partir de 1850, sur le territoire d’Aniche et d’Auberchicourt  Si l’un d’eux fait référence au marquis de Traisnel, un autre prend nom de «l’Archevêque » pour honorer Mgr Régnier, venu spécialement pour le bénir avant sa mise en exploitation. Ce geste symbolique est signe de la grande considération qu’ont les administrateurs de la Compagnie, vis-à-vis de l’Archevêché de Cambrai.

 

Depuis la découverte du charbon dans le Nord en 1720, les grands propriétaires fonciers, actionnaires privés des compagnies des mines, donnent leurs noms aux puits foncés sur leurs concessions.

 La fosse Delloye, qui abrite aujourd’hui le Centre Historique Minier du Nord-Pas-de-Calais, doit son appellation à Joseph Delloye, directeur de la sucrerie d’Abscon mais surtout Président du Conseil d’Administration de la compagnie des mines d’Aniche de 1921 à 1942, compagnie à laquelle appartient la fosse Delloye. Son nom apparaît entre les deux paratonnerres qui couronnent le sommet des chevalements de la fosse, lui donne son identité et confère son appartenance à la compagnie.

 

 

 

 

Article publié par Michel Dussart • Publié le Samedi 13 janvier 2007 • 6478 visites

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